Une transpyrénéenne de Collioure au cap Higer d'après le roadbook de vibraction n°5

Il nous aura fallu deux semaines pour rallier la Méditerranée à l'Atlantique. Le but de cette traversée par les pistes côté espagnol était de tester, et la famille, et le matériel pour notre futur long voyage si l'on y parvient. Pourquoi le côté espagnol? car il y a plus de pistes et moins d'interdictions!  Bilan plus que positif! Famille? ok, matos? presque ok. Juste quelques modif à faire sur Scoobida. Il lui faut plus de débattement donc il faut encore la ré-hausser, changer les amortisseurs et en mettre avec bras oscillants comme sur les motos, pour que chacun agisse séparément, ce qui la fera moins sauter. Nous aurons juste cassé la roue jockey et tordu le frein à main de la caravane. Le raccord électrique est à refaire aussi, après une réparation de fortune. Mais à part ça, nada!!

Notre machine à laver de voyage a très bien fonctionné, tous les jours! le matin : nous prenions le fond d'eau du bidon non utilisée pour la douche, mettions un peu de linge, 2 balles de tennis et un peu de lessive maison bio non polluante. Et hop! les secousses faisaient le boulot! Dans la journée, à un point d'eau quelconque, nous mettions le rinçage en route. Le soir, on étendait sur notre fil tendu entre Scoobida, Maxou et l'échelle de la tente.

c'est une aventure en famille extraordinaire, si petite soit elle.

Nous avions un roadbook, mais au 3ème jour, lors d'un demi-tour très épique, nous avons réalisé que nous ne pouvions le suivre aveuglement. On regardait les pages futures et dès qu'on voyait "grosses ornières", on faisait une déviation... juste Maxou, ça passait! mais avec une caravane, même améliorée pour l'occasion, ce n'était pas la même chose!

En voici un récit:

1 ère étape au départ du col de Banyuls vers Darnius

Pour débuter cette traversée, nous passons deux nuits sur les terres d'Ivan, une colline qui domine Collioure. Ivan nous annonce lors de notre départ que l'une des premières pistes que nous devons prendre est fermée pour risque d'incendie.

La décision est prise de modifier le point de départ du roadbook (RB); ça commence!

Nous partons donc de Banyuls vers le col de Banyuls. La route est goudronnée mais très étroite et sinueuse, d'une beauté incontestée.

Très vite après El Coll, le goudron se transforme en ciment, avec de nombreux passages canadiens qui remplacent à merveille les cassis français! Et tout à coup, sans prévenir, ça passe à de la piste, très étroite!

Les paysages sont magnifiques.

Nous pique-niquons sur un chaud plateau, avec pour seule ombre celle d'un arbre, et pour seule compagnie, celle des cigales.

La boucle est assez technique, cela en ajoute à sa superbe.le demi-tour se fait dans une impasse, sur le parking d'un bar-restaurant. Maintenant, le but est de trouver un bivouac sur les bords du lac de Darnius. Malheureusement, aucune possibilité avec Scoobida. Patrice fait même un splendide demi-tour qui paraît impossible, mais comme il n'y a pas le choix, il faut tenter! : entre un petit pont, un ravin et une voiture rouge!

Pas moyen de trouver où se poser pour pouvoir se baigner. Après une déviation (piste du RB fermée, probablement à cause du risque d'incendie), on trouve notre bivouac dans la forêt, pas trop loin de la piste mais à l'écart de toute trace de vie humaine! Seulement deux 4x4 passent le soir : des français qui suivent le même RB que nous.

Les béquilles mises, nous installons notre douche derrière la cuisine mais sans la tente de douche. Aucun risque de se faire voir! Les 31 degrés à 20h incitent à la simplicité dans toutes ses formes!

Les moustiques remplacent les mouches.

C'est notre premier bivouac entièrement sauvage, loin de tout; c'est impressionnant. Nous ne sortons pas la tente de toit, de peur de se faire virer pendant la nuit ou de devoir partir très vite en cas de soucis. Dans la nuit, nous entendons des pas; d'abord des pas que l'on attribue à un canidé, puis d'autres, plus humains. Lisa entend. La paranoïa s'installe : et si c'était la police, un méchant? Mais non! 

Quelle sensation de liberté! que nous sommes bien dans ce bivouac sauvage!

2ème étape de Darnius à La molina, station de ski

Avant de repartir du bivouac, nous dépoussiérons Maxou pour y voir plus clair.

On part en se disant qu'aujourd'hui, nous nous poserons plus tôt. C'est crevant et les enfants vont franchement finir par en avoir marre! ( au final, nous couperons le moteur à 19h30!)

En 3h30, nous franchissons 32 km; sacrée vitesse de croisière!

Pat l'acrobate domptent de magnifiques lacets étroits, cassants et en grosse descente. On sort de Maxou, on jauge, on mesure, on se dit : mais ça ne passera jamais! L'adrénaline monte. Mais dans quoi s'est-on embarqué? 

1 cm à côté et nous pouvons dire au revoir au reste de l'aventure. Les enfants sont calmes. Ils savent que l'heure est grave.

1 lacet : ouf,ça passe avec beaucoup de réflexion, d'analyses. Les suivants sont tout aussi grisants, mais nous passons, sans besoin de manœuvre. 

Lors de notre pause repas vers le col de Teïes, sous laissons passer des 4x4 qui suivent le même parcours ou presque. Nous les retrouvons à une  chapelle (San Andrieu de Gitarriu), sur un site magnifique. La discussion est technique et mécanique pour les hommes, longs voyages pour les femmes.

Nous faisons de la piste jusqu'à 16h, c'est épuisant par tant de concentration pour poser les 6 roues au bon endroit pour éviter les catastrophes. 

Nous faisons une autre rencontre agréable d'un français avec sa fille, sur la même aventure. 

Toutes ces personnes avec qui nous discutons nous demandent : "mais, vous êtes passée par la piste à tel endroit, avec tous les lacets?" bin, heu, oui! "Mais comment avez-vous réussi vos  manœuvres pour franchir les lacets?" he bien, on a réussi les trajectoires idéales pour les éviter! mais on a souvent douté!

Donc, à 16h, nous décidons de quitter le RB au profit de la petite route de montagne; Nous allons un peu plus vite que sur les pistes, très délicates avec une caravane. C'est long avec Scoobida! Et nous craignons la lassitude des enfants.

On se retrouve sur la N260 (n'a de nationale que le nom).

Nous traversons le joli village de Castellfollit de la Roca, puis Ripoll et Ribes de la Freser.

Puis nous nous disons que nous ne sommes pas loin de la station de ski de la Molina/Massena.

Nous pausons le bivouac à 19h sur le parking haut de la station, en compagnie de 2 autres véhicules voyageurs..

Nous perdons 15 degrés, cela rafraîchit.

Altitude 1658m.

3ème étape vers une autre station de ski : Port El Comte

Le matin, Patrice doit réparer la prise côté attelage. Etant dans une station de ski, les activités estivales nous tendent les bras. Les enfants se lancent donc dans un super accrobranche. Lisa est ravie mais pousse pas mal de petits cris! Maël est super hyper à l'aise et fait tout le parcours les doigts dans le nez; mais les deux s'éclatent et trouve le parcours d'une heure un peu trop court.

Nous retrouvons Patrice qui finit la réparation. Ca devrait faire l'affaire. Mais le mieux sera de racheter une prise simple, sans adaptateur (7/13 branches).

Nous déjeunons sur place et repartons à la recherche d'un magasin pour avoir un peu de frais à manger, de l'eau en grosse quantité et du gazole.

Nous suivons la route de la Molina via : Masella, Urus, tunnel de Cadi (assez coûteux), Berga, Navès et Olius.

Pour le "goûter", nous faisons une pause baignade/remplissage de bidons / rinçage de linge (sur la C26 entre Berga et Solsona). Nous sortons donc de la route par un petit chemin chaotique vers el riu El Cartener. Nous dérangeons fortement une personne d'un âge certain qui se fait bronzer par 39 degrés, qui n'apprécie pas du tout notre passage. Son insulte reste incomprise!

Nous continuons le chemin pour le laisser tranquille.

Une fois tous en maillot, les enfants testent l'eau. Maël y rentre en entier mais ressort vite! Température prise, nous comprenons... 8 degrés! la baignade est très limitée.

L'eau est limpide, nous refaisons les pleins d'eau et la lessive.

Nous repartons sans reprendre le RB, en suivant les routes vertes de la carte et en montant en altitude pour gagner un peu de fraîcheur. On finit par se retrouver en haut d'une autre station de ski:Port el Comte.

25°, 1800 m

Contrairement à La Molina, ici c'est mortibus! pas un chat, pas un magasin ouvert. Sur 10 chalets, 9 sont fermés.

On s'installe sur le plus haut des parkings, avec juste deux voitures de randonneurs qui partent bientôt.

J'en proffite pur faire conduire les enfants. Maxou étant en boîte automatique, Maël peut le conduire sur ce terrain qui s'y prête. Un enfant au volant d'un pickup avec sa caravane, ça impressionne! Lisa est raide comme un piquet et s'en sort très bien. Maël est un peu stressé mais prend ça comme un jeu; par contre, son tour durera moins longtemps car son freinage n'est pas très compatible avec une caravane qui suit...

On se douche vite (à l'eau froide) car il fait presque froid ici avec le soir qui tombe.

Le linge mis le matin dans scoobida est très sec (à 39°, on n'en doutait pas!). Là, on tend un fil dehors pour faire égoutter, puis sécher demain dans Scoobida. C'est toute une logistique mais la notre semble efficace.

Avant minuit, nous sommes bruyamment dérangés par une voiture qui s'amuse sur le parking avec demi-tour au frein à main, à la limite de notre bivouac. Je sors pour rassurer les enfants qui sont dans la tente de toit. Pas de danger visible mais cette voiture est rejointe par d'autres, musique à fond. Belle frayeur juste pour des jeunes qui viennent s'amuser sur un parking où normalement il n'y a personne à plusieurs km à la ronde!

 

4ème étape vers Tremp

Nous sommes réveillés avec les premiers randonneurs qui arrivent à 7h pour être à la fraîche. Un troupeau de moutons (et de leur cloche) nous encercle pendant quelques temp; moment magique!

Nous réalisons, avec nos sorties de pistes, que le roadbook est très pratique mais que c'est aussi très agréable de se sentir libre de choisir notre route. Pour ce qui est des pistes, nous ne sommes pas encore assez confirmés pour en prendre une sans savoir où elle va. S'il faut faire demi-tour, la caravane peut rendre impossible la manœuvre. Ca nous arrive d'en prendre à l'aveuglette, par exemple quand on voit une rivière. Mais sur de longues distances, ça attendra un peu!

Le RB est là pour nous guider sur le terrain de jeux. Mais il faut s'écouter aussi. Quand Lisa a commencé à bouder, on a dit STOP. Ce sont aussi leurs vacances. Maël nous aide, sort filmer, prend la place du co-pilote avec le RB quand le 1er Co-pilote est dehors en repérage et guidage.

Lisa lit, lit, lit. Comme elle n'avait prévu qu'un livre papier, je lui prête la liseuse durant la journée (le soir, elle me revient). Elle a dû faire avec les centaine de titre qui y sont... Avantage de la liseuse : ça ne prend la place que d'un livre et c'est une source inépuisable. à ne pas négliger pour les voyages.

 

Nous passons des canyons magnifiques. Pour manger, on manoeuvre pour se mettredans LE petit coin de paradis. Nous rattrapons la piste, mais c'est un mauvais choix de reprise. Au bout de 300 m de pistes plus que chaotique et bordée d'arbres,on touche au niveau de l'attelage comme parfois. Et là, on réagit : tu as remonté la roue jockey?......... 

On l'avait un peu baissé pour descendre le hayon. Dommage! toute la roue est cassée nette en deux. Pas grave, on peut continuer sans.

Par contre, 2 km plus loin, la piste nous offre de grosses et profondes ornières sur une belle côte sinueuse et caillouteuse. Tout pour plaire! On sort tous les deux. On calcule, on jauge, on réfléchit. On veut la faire, on veut poursuivre. L'adrénaline monte!

Mais moi, je ne le sens pas du tout, mais pas du tout. Maxou n'est pas un franchisseur et tracte Scoobida, 1 tonne.

Patrice veut tenter le coup. " et si ça le fait pas, on fait demi-tour!"

Je reste dehors, à jouer les zébulons : un coup à gauche, à droite, un coup derrière, devant, dessous.

A un moment, la voiture est plane, les roues entre des ornières. La caravane avance, mm par mm, en s'inclinant dangereusement. J'ai l'impression qu'elle peut verser à chaque seconde. La tension est trop intense, j'en oublie de filmer. Les enfants sont dehors, inquiets. Tout est lent, le temps s'arrête, on ne respire plus. Les pneus de Maxou s'écrasent sur les angles des ornières, je crains le déjantage. Patrice tente un raidillon sur le même principe. ça grimpe, ça glisse, ça dérape.Il se sent happé par le poids de Scoobi et les pneus usés et peu adaptés à ce terrain en côte n'aident pas.

Allez; la mort dans l'âme, Patrice commence sa marche arrière pour trouver un lieu de demi-tour. C'est encore plus compliqué qu'en marche avant! Il nous faut 30 minutes pour récupérer la route, à 2 km seulement!

Voilà, maintenant,  nous savons que nous devons anticiper sur les pages du RB et lorsque nous voyons écrit "ornières", nous devant quitter la piste. Cette leçon se sera bien finie mais elle nous aura fait monter beaucoup d'adrénaline!

Nous décidons de reprendre le RB à Tremp. Nous y faisons une pause pour chercher de la wifi pour rassurer tout le monde car nous n'avons aucun réseau depuis que nous sommes en Espagne. Difficile de trouver une place pour nos 11 m. La ville est glauque de vide et de grandes avenues.

Dans le bar à wifi, nous entendons des français parler d'un bivouac un peu plus loin sur les rives du lac de Tremp. Que cela ne tienne, nous allons le trouver!

 C'est un super bivouac effectivement, sur les bords du lac. Nous nous posons sur un tapis de plantes aquatiques rampantes, à 7 m de l'eau. On profite d'une baignade rafraîchissante pour se laver les cheveux. La nuit tombe avec l'arrivée d'énormes grillons, de canards qui rigolent, de chauve-sours qui dansent autour de nous et une lune qui brille de mille feux. Maël aimerait finir ses mots fléchés, et Lisa le dernier Harry Potter. Mais on les envoie dans leur tente, avec un flacon de citronnelle.

Buenas Noches!

5ème étape vers le sanctuaire de Torre Ciudad

Réveil paradisiaque!

On repart le long du lac du Nord au Sud par la rive Est. La piste est très facile et très agréable; elle domine le lac avec des Monuments Valley!

36°

Pique-nique sur un col, sur la route de Tremp C1311.

Craus est une très belle ville, mais nous prenons trop de route goudronnée à notre goût. 

Nous reprenons le RB à Besians WP 525. 12 km de pistes en 2h! pas très étroites mais avec des marches rocheuses et surtout des ornières. Un 4x4 seul passerait sans problème!

Nous sommes sous forêt, à 30°, mais les nuages menacent.Quelques gouttes tombent mais sans mouiller.

Nous quittons les pistes forestières quand le RB propose une déviation SUV.

Pas facile de trouver où s'arrêter, loin des bourgs, des fermes, des routes, proche de l'eau et en hauteur pour la fraîcheur.

On revoit nos exigences à la baisse en contournant le lac de barrage à El Grado et en remontant une petite route vers le sanctuaire de Torre Ciudad que nous dépassons non sans repérer une fontaine pour refaire le point le lendemain. Après 1h30 de quête, nous nous posons enfin : face au vide, aux montagnes, avec le lac encontre-bas. 

19h30, toujours 30°

1/2 plein pour 8h de route.

Les enfants ont été super. Sur le balladeur de Lisa, ils jouent à reconnaître en premier la chanson. Ca les occupe!

6 ème étape vers le village abandonné de Lusera pour fêter les 9 ans de Maël

Nous réveillons discrètement Maël dans la tente de toit pour lui souhaiter son anniversaire en lui offrant sa belle montre de grand.

On atteint très vite les 38°C.

On range, on dépoussière et nous voilà repartis.

Nous descendons jusqu'au sanctuaire de Torreciudad pour rincer le linge et refaire le plein d'eau à la fontaine repérée la veille.

C'est une journée de pistes assez faciles, avec surtout des passages de marches et de gués peu profonds.

Patrice nous stoppe dans une petite rivière. Nous sortons de la voiture pieds nus directement dans l'eau; je repère une petite piscine naturelle où la baignade nous rafraîchit bien ou presque! l'eau est presque à 35°C! Nul besoin de serviette, notre peau sèche en  minute.

Sur les pistes comme sur les petites routes, nous rencontrons peu de véhicules. La Creuse ressemble à Paris à côté d'ici! un pur bonheur.

Lorsque nous voyons un véhicule derrière nous, conscients d'être plus lents que tout le monde, nous nous laissons dépasser dès que possible.

Ce midi, nous laissons passer pour la deuxième fois un Patrol belge qui finalement s'arrête à côté de nous.

Nous discutons longuement. Ce sont des flamands avec 4 enfants entre 14 et 7 ans. Lui est très bricoleur et a même créé/fabriqué sa remorque de voyage avec tente de toit. Il a déjà fait 4 fois le rallye Ladoga en Russie au départ de St Petersbourg. Elle parle très peu le français et n'est pas aventurière pour un sous. Ils sont très gentils, intéressants et intéressés. Je prends leurs noms mais ne les trouve pas sur le net :-(

Les rares rencontres que nous faisons sont faites de bonnes discussions; c'est facile : ils sont dans le même état d'esprit que nous!

Nous continuons la piste.

Nous traversons quelques "agglomérations" (avec un panneau d'entrée d'agglo!), faites de 2 ou 3 maisons, en ruines.

Cette journée nous fait voir de magnifiques paysages avec beaucoup de rocailles, de rivières asséchées, de forêts basses. Le romarin est roi et embaume l'air. Bien sûr, il est accompagné de genévriers, de prunelliers et de buis.

Cette traverse est un régal pour les yeux, pour les oreilles et le nez! Nous sommes toujours très loin de la civilisation et recherchons donc un bivouac loin de tout et de tout le monde. Nous voyons une belle clairière éloignée de la piste. Chouette, elle est pour nous! Après nombre de manœuvres pour nous poser au mieux, tout le monde sort de la voiture. On se regarde avec Patrice : pas possible de rester là; trop de mouches, on peut à peine parler! Allez, on déménage... dommage, c'était vraiment un beau bivouac.

10 km plus loin, on quitte le road-book pour monter vers un village abandonné. Impossible de le traverser, il est entouré par un fil électrifié. On se pose dans une clairière qui servirait de parking pour le village. SEUL AU MONDE!!!!!!

Et ce soir c'est apéro et ... 1000 bornes!

(126 km ce jour)

7 ème étape vers l'oliveraie d'Asier à San Felices

Ce matin, pas de bruit dehors. Personne, ni grillon, ni sauterelle, ni oiseau... c'est bizarre!

Aujourd'hui, que dire?

Nous ne parvenons pas à suivre le RB... ou bien il est mal expliqué. En tout cas, les hors pistes sont magnifiques. Nous avançons à peine de 100 km sur la journée.

Aux gués, on se pose quelques instants pour se rafraîchir, observer les têtards et les dytiques... et s'occuper du linge! Pas besoin de se ranger sur le bas-côté (inexistant!), on se plante dès qu'on a envie de s'arrêter, sans craindre de gêner. Il ne passe jamais personne ici, à part nous!

Les vues sont à couper le souffle et nous voyons des paysages dignes des montagnes américaines.

Nous croisons des ermitages, tous abandonnés. La finalité de cette balade du jour est sans aucun doute le poste d'observation de "los buitres", les vautours!!! Au sommet d'une montagne que nous avons tant de mal à gravir, la récompense est là. Magique! silencieux! gracieux! Ils dansent pour nous. Une myriade de vautours organisent leur ballet aérien. Ils font 2m50 d'envergure : ça en impose! Rien que pour cette pause en apnée, il fallait faire cette traverse...

 

Par moment, nous retrouvons une case du RB... mais ce qui ajoute une difficulté quand on ne le comprend pas, c'est notre logiciel de navigation. Les waypoints indiqués sur Ozi explorer subissent eux aussi un décalage par rapport à la carte, tout comme notre géolocalisation. Nous voyons en gros où nous sommes et grosso modo vers où nous nous dirigeons mais c'est approximatif. Cela ne le faisait pas sur la première carte utilisée (Espagne Est); la carte est peut-être mal calibrée...

Donc sur un petit réseau de pistes dans les montagnes, nous nous perdons et sur le RB et sur Ozi (et donc aussi sur la carte version papier!); c'est du beau! Mais nous accédons ainsi à de magnifiques paysages encore plus isolés.

Ce soir, nous trouvons enfin une supérette pour acheter fruits et lait; plus loin, nous donnons à boire à Maxou. Pas facile de dégoter tout ça dans ces lointaines contrées!

Ensuite, le RB est de nouveau suivi. Sur une intersection douteuse, nous faisons un demi-tour complexe dans un gué asséché et faisons de la place à un espagnol qui attendait d'avoir assez de place.Finalement, il s'arrête à côté de nous. De fil en aiguille, après lui avoir expliqué que nous cherchions un bivouac pour la nuit, il nous propose de nous prêter son "jardin", en fait un champ de jeunes oliviers, à 6 km d'une petite piste très étroite et très sinueuse. Mais il pense que la piste est muy pequena pour Scoobida!!! Non non, ça passera! on vient de la méditerranée par les pistes!!!! He oui, lui aussi est étonné de voir ce que nous parvenons à faire avec notre ensemble. C'est vrai que par moment, c'est chaud! Il passe devant, nous attends, nous guide parfois. Nous y arrivons enfin.

Il nous présente son terrain, sa rivière, sa cascade et ...sa piscine naturelle! Direct, j'y envoie les enfants qui y restent plus d'une heure et demi. Oubliée la journée de roulage! 

Asier s'occupe d'accueillir ses locataires de deux nuits dans la maison qu'il loue de manière officieuse. Enfin, il vient nous dire au revoir avec 4 poivrons et 3 tomates de son jardin. Il est adorable. Nous prenons ses coordonnées pour lui faire de la pub.

Nous mangeons sur sa table; les enfants dégustent avec joie ses poivrons. Il fait encore très chaud à 23h30. Il est difficile pour les enfants de s'endormir. Nous n'avons pas osé mettre la tente donc nous sommes tous les 4 dans Scoobida, au chaud. Tant pis, on ouvre tout et les bestioles rentrent...

Demain, nous essaierons de reprendre le RB... en attendant, cet écart est vraiment très agréable! Et ... super rencontre!!

 

8 ème étape : vers Carcastillo, bivouac le long du Rio Aragon

Au matin, nous laissons les enfants se baigner à nouveau, pendant que nous rangeons. Nous quittons San Felices, terre d'accueil, avec un brin de nostalgie. On se dit qu'on y reviendra passer deux ou trois nuits pour profiter du cadre et du calme.

Nous décdons, vu l'état de la piste et les indications du RB, de faire une déviation routière (Ayerbe, Puerto Sierra Mayor, Luesa, Farasdues); passage de l'Aragon vers la Navarre.

Nous ne sommes plus dans les montagnes d'hier avec ses blocs qui servent de pistes d'envol et de terrain de chasse aux vautours. Aujourd'hui, nous traversons une zone très désertique avec pourtant de nombreux champs de blé déjà moissonnés : le désert des Bardenas. Cela fait très étrange dans ce massif des Pyrénées. Nous ne sommes qu'entre 480 m et 700m d'altitude.

La piste n'est pas du tout compliquée mais nous fait devenir toute petite fourmi. On traverse des sites inaccessibles pour beaucoup. 

Nous voilà sur un site romain avec un acqueduc dont il subsiste une rangée de 20 colonnes de pierres empilées, dont la dernière devait recevoir une sorte de gouttière pour transporter l'eau.

Impressionnant.

Plus loi, encore plus impressionnant : des thermes romains de 50 après JC. Une salle d'eau, des latrines et des sallesde massage, d'épilation. Ils avaient déjà inventé les centres de bien-être!!! Finalement, notre société moderne a piqué beaucoup d'idées et d'inventions aux mondes antiques!

Poursuivons.

A Sabada, nous retrouvons les néerlandais, le papa sous le moteur. Nous cherchons ensemble un bon bout de temps d'où peut provenir leur problème de direction; comme nous sommes samedi, il doit attendre lundi matin pour appeler l'assistance. Il le prend plutôt bien! 

Nous cherchons un point WIFI, nada. Nous poussons jusqu'à Carcastillo mais à défaut, nous tombons au beau milieu d'un fiesta; ils sont tous en blanc et rouge, comme au pays basque! Nous tournons et retournons dans toutes les rues non fermées pour l'occasion et finissons par retrouver la piste. Nous longeons maintenant le Rio Aragon jusqu'à une aire de pique-nique en aval d'un barrage du rio. Ce sera notre bivouac. 

Les enfants construisent des bateaux miniatures et, la nuit tombée, les écrevisses pullulent et nous les chatouillons un peu. Pas de baignade, mais les enfants adorent. Comme quoi il suffit de peu!

A 22h30, de gros éclairs zèbrent le ciel dans les trouées de la canopée. Puisque nous sommes sous les arbres, à 5 mètres du rio, je me rends compte que notre emplacement n'est pas du tout sécurisé en cas de montée des eaux. Le tonnerre gronde. Le jour s'invite dans la nuit. 

Nous prenons la décision de rapatrier les enfants avec nous dans la caravane et de replier la tente de toit malgré la pluie. Il faut pouvoir être prêts à partir si besoin. Il ne nous resterait que les béquilles à monter et hop!

Toute la nuit, je me lève pour vérifier le repère que j'ai pris juste au-dessus de l'eau pour savoir si le niveau monte.

Il monte, il monte doucement mais sûrement.

Et puis....

Les orages finissent par s'éloigner, par se calmer. 

Nous respirons mieux. Je me lève toujours mais le niveau s'est stabilisé. Le jour pointe son nez, on peut faire une petite sieste avant de se lever. 

Leçon retenue!

150 km pour 15l/100 aujourd'hui

 

9 ème étape : vers le pays basque, bivouac à Orbaizeta

Nous prenons notre temps pour quitter le bivouac.

Aujourd'hui, on ne se sent pas dans les Pyrénées. C'est plutôt de la campagne collineuse, très agréable, sans piste cassante.

Pauses mûres, pauses thym et romarin...Les enfants en remplissent leur boîte à senteurs. Ils sont heureux comme tout!

En fin d'après-midi, nous remontons dans les montagnes.

Superbes canyons, des rivières de montagne qui rappellent "Et au milieu coule une rivière".

Les paysages sont magnifiques et sortent de l'ordinaire campagnards.

Nous passons dans des hameaux dont chacun est muni d'une église! Les gens continuent à nous regarder de manière extrêmement bizarre. Nous sommes des E.T.! Sont fous ces français! Et quand on traverse des micro rues dans des micros villages, les locaux nous observent ostensiblement, sans montrer ce qu'ils pensent, sans se lever, sans faire mine de venir nous aider, nous guider, nous conseiller. Alors on accumule les demi-tours improbables.

Finalement, à 20h, après 3h de recherche de bivouac, on se pose dans un hameau de montagne sur un parking qui surplombe une jolie rivière tortueuse.

Un papy avec deux cannes marche depuis 1/2 heure sur son perron, en aller-retour sur 5m; et tout ça en nous observant.

160 km pour 14.4 l/100

10 ème étape : Vers la fin du road-book : Saint-Jean Pied de port

Le Papy nous aura surveillés jusqu'à notre départ!

Nous reprenons le RB sur de petites routes, annoncées pistes.

Nous sommes nostalgiques : c'est le dernier jours du RB et nous devons rallier Saint Jean Pied De Port.

Nous passons la frontière par le col Orgambide ni vue ni connue, avec une pause dans un pré d'altitude avec vaches et Pottoks mêlés, en liberté. Il paraît qu'on y trouve une faune spéciale, avec entr'autre des plantes carnivores comme la dionée, la drosera. Les salamandres sont aussi présentes ici. C'est dire si le lieu est propre et tranquille.

Où que nous nous tournions, nous voyons les bêtes en liberté; on entend leur cloche (même les chevaux en ont).

Lisa est aux anges. Elle cueille de la menthe pour nous faire un parfum d'ambiance dans Maxou.

Ces alpages sont magnifiques; on y passerait bien quelques jours!

Après une discussion avec des espagnols qui se rendent en camping-car à Bayonne, nous reprenons la petite route de montagne.

Les maisons basques dominent : murs blancs et boiseries rouges…

Nous arrivons à St Jean Pied de Port en pleine semaine de fête, donc il est très compliqué de circuler ainsi que de stationner. Nous finissons par nous mettre sur l'aire de camping car, payante (prix unique de 7€ pour 24h). Les Ccar sont alignés comme des dominos. Cela ne nous plaît pas du tout. Nous décidons de ne pas dormir ici et de rester le temps d'une rapide visite de la ville. Après 10 jours de solitude, on ne se sent pas bien, pas à l'aise dans cette foule. On refait le plein au robinet du stade, que l'on doit partager avec les jeunes sportifs sans respect... Vraiment, on était bien dans nos montagnes!

La ville est très belle, mais nous ne supportons pas les personnes qui y marchent, irrespectueuses. On nous bouscule, pas même un pardon rapide. Grrr

Trop de monde; on redoute la côte atlantique pur le surf.

Nous prenons conscience que nous nous sentons bien, loin du monde, loin de tout; même les enfants sont plus énervés et moins à l'aise. 

Loin du monde ne veut pas dire qu'on ne voit personne! Nous faisons de rares rencontres mais avec de bonnes conversations très intéressantes, même avec des non francophones et des non voyageurs.

Donc nous reprenons la route en cherchant de quoi bivouaquer. C'était compliqué avant, mais avecle RB, on savait si les pistes débouchaient ou non, on savait s'il y avait des clairières. Maintenant, nous cherchons en free-style!. Nous n'osons pas trop prendre les chemins. Les routes sont déjà bien étroites et les locaux nous regardent toujours de travers.

Un drône nous serait bien utile pour repérer les bons coins!

Notre bivouac est trouvé en 2h30. Il est entre deux pâturages avec un troupeau de moutons clochés. Le temps a changé au fur et à mesure de la journée et maintenant, nous sommes sous un petit crachin. On ne sort pas la tente.

Ce soir, c'est soirée ciné dans scoobida!

90 km pour 14.4l/100 (beaucoup de montées)

itinéraire : Fabrica de Orbaitzera, col de Orgambide, St michel, St jean, St Etienne de Baïgorry, Erratzu, Ariskun, Elizondo, Arraioz... et bivouac sur l'Est du Parque Natural Senoro de Bertiz (sud de Ainhoa) 

 

11 ème étape : fin de la traverse sur l'Atlantique: le Capo Higer

Aujourd'hui, l'ambiance est différente. 

 

L'orage nous a encerclé jusqu'à 2h du matin. On était en plein coeur. J'ai coupé l'électricité au tableau; même si ce n'était que symbolique, cela m'a rassuré! Nous sommes sur un col et rien d'autre que nous ne semble pouvoir attirer la foudre.

 Nous sommes épuisés par la nuit. Les cloches des moutons n'ont cessé de sonner. Trois voitures sont passées, en ralentissant et en zieutant un max!

On se lève en ayant en tête que c'est la fin de la traversée.

En ouvrant la porte, nous découvrons ce qui était dans le brouillard hier soir. La vue sous l'unique rayon de soleil est magnifique. Nous marchons sur un sol spongieux qui a dû être sec pourtant encore la veille. Nous mettons de la terre partout par paquet. Les chaussures se font ressemeler en boue! Celles restées dehors sous la caravane dégoulinent.

Le linge ne sèche pas et aucune lessive n'est donc possible. Il nous fallait ça aussi pour tester le matos et les hommes sous la pluie! 

Bref, nous voilà partis vers Ainhoa.

Comme d'habitude, nous mettons du temps à trouver une place dans la ville. Une fois piétons, nous nous faisons tremper comme des soupes! On repart vite : le village est agréable et mignon, mais sans grand intérêt.

Allez, en route vers la côte, symbole de la fin de notre aventure!

Nous trouvons une aire naturelle, en fait un camping à la ferme, aux grottes de Sare; car pour aller sur la côte, il faut qu'on se libère de Scoobida et qu'on la laisse en toute confiance.

Cela fait très bizarre de ne pas être suivi! Mais heureuse idée!

Nous allons directement à Bidart où paraît-il il y a une école de surf assez réputée. Pas de chance, elle est fermée. Il faut dire qu'avec ce temps exécrable, je les comprends.

Nous retrouvons les interminables bouchons de la côte; insupportables après 2 semaines seuls.

Nous continuons à rouler vers l'Espagne. 

Petite pause à Hendaye où nous trouvons une école de surf qui accepte de faire une initiation aux enfants le lendemain soir à 19h. Croisons les doigts pour que le temps ne soit pas aussi mauvais. (il s'avérera que les enfants adoreront le surf...)

Et zouh, retour dans les bouchons! Vite fuyons ce monde agglutinant et agglutiné!

Nous nous rendons au Capo Higer, côté espagnol, pour finir notre traversée ds Pyrénées.

 C'est un spectacle superbe... mais court car la pluie nous inonde.

Nous retournons à Scoobida. Au camp, Lisa va de suite à la douche. Un luxe! Sous prétexte de ne pas avoir gaspillé d'eau avant, elle reste trèèèèèèèèèèès longtemps sous l'eau CHAUDE!

Après le dîner, c'est notre tour. Un douche brûlante qui rince mal, on a l'impression que ce n'est pas pour nous. On a réussi à se déshabituer.Mais avec le frais qui s'installe, on prend quand même!

50 km; 14l/100

 

Le chapitre est clos. 1470 km plus tard. Nous accusons le coup, avec nostalgie.

L'aventure n'aura duré que deux semaines mais nous avons touché du doigt une manière de vivre qui nous plaît, une manière de voyager trépidante. Nous nous sommes sentis NOUS. C'est comme ça qu'on est bien! Déjà, nous pensons à la prochaine aventure avec Maxou et Scoobida. Comme d'habitude, les idées fusent, les envies se multiplient... Le plus dur sera de faire un choix pour le prochain voyage... Un pays chaud? froid? humide? sec? Nord? Sud? Europe? Afrique? 

Chut... c'est encore un secret... mais pas pour longtemps!

 

 

Barcelone pendant son Carnaval fin février 2017

Echappée sylvestre au Maroc le temps du Rallye Cap Fémina Aventure octobre 2016

Juste quelques images pour vous donner envie de partir!

Valloire août 2016

Slovénie juillet 2015